Séance du vendredi 2 avril 2021
De 18H à 20H
https://unipd.zoom.us/j/82234261783?pwd=RGpwSXl0MCtaZzJFV25Sc0JGeWNZQT09
Passcode : 050080
En 2020, imaginer, questionner, parler de ce que dit « chez-soi », voilà qui pourrait ou bien être devenu la preuve flagrante d’un manque d’imagination ou bien une arrogance, d’avoir mieux à dire, de savoir mieux. La planète s’est enfermée dans sa quasi-totalité, une première fois au printemps pour faire face au risque que représente le coronavirus. Alors de ce chez-soi, tout semble avoir été dit, à force d’en faire le tour, de l’avoir mesuré, d’en avoir compté les recoins, les cohabitan.es, d’en avoir contemplé les ouvertures et les fragments du dehors.
Mais si justement, ouvrir les portes des chez-soi était aussi une prise de risque ? Une proposition d’humilité, d’un cheminement ordinaire à la rencontre de ce qui nous constitue êtres vivants habitants de ce monde-là et de cette époque-là, en bref si c’était une proposition de conscience éveillée du monde ?
Revue disponible en ligne au lien suivant :
https://www.cultureetdemocratie.be/productions/view/chez-soi
Présentation coordonnée par Corinne Luxembourg, Joseph Tonda, Charlotte Marchina, Renaud-Selim Sanli
Corinne Luxembourg (Maîtresse de conférence HDR en géographie) travaille sur le genre et l’espace public, l’intersectionnalité des rapports sociaux de domination. Elle a récemment co-publié Le sens de la ville avec le Collectif Les urbaines aux éditions Temps des cerises
Charlotte Marchina (Maîtresse de conférence en langue et civilisation mongoles / Inalco)son livre récemment paru aux éditions Zones Sensibles : (Nomad’s land. Éleveurs, animaux et paysage chez les peuples mongols juin 2019),fruit de 20 mois d’enquête passés aux côtés des éleveurs nomades des steppes de Mongolie et de Sibérie du Sud.
Joseph Tonda (Université Omar Bongo de Libreville) est professeur de sociologie et d’anthropologie. Il enseigne la sociologie et anthropologie des religions, la sociologie de la santé et de la médecine ainsi que la sociologie de l’imaginaire et du pouvoir. À paraître :Afrodystopie – le rêve dans la vie d’autrui aux éditions Karthala.
Renaud-Selim Sanli, chargé de projets et de communication chez Culture & Démocratie.
Argumentaire du séminaire
Ce séminaire propose de repenser les dialogues et les mises à l’épreuve réciproques entre anthropologie et psychanalyse. Il s’efforce d’articuler trois lignes de questionnement :
• Clinique du terrain et terrains cliniques : des anthropologues s’interrogent sur la nature des relations interpersonnelles développées durant leurs enquêtes, le sens et les modalités de leur écoute, et, corollairement, les mobiles intimes de la parole des acteurs. Les crises économiques et politiques qui bouleversent de nombreuses sociétés s’impriment, en effet, dans la situation ethnologique. De surcroît, l’ethnologue se trouve de plus en plus fréquemment en contact avec des populations en fragilisation croissante, en état de non inscription, et même d’errance.
• Folie et État : on développera une réflexion croisée, d’un côté sur les effets sur les élaborations identitaires des nouvelles représentations du bien-être psychique, de l’autre, sur les instances de légitimation sur ce que serait une bonne santé psychique en termes de prévention, de diagnostic, de traitement et de leur évaluation. Enfin, le lien doit être souligné entre les terreurs issues de la violence de l’État et les confusions des registres du Réel, de l’Imaginaire et du Symbolique, qui font tenir l’existence singulière et les échanges sociaux. D’une certaine manière, la folie a disparu au profit de l’exclusion et de la stigmatisation des perdants. Dans les pays lointains qui ne rentrent pas dans cette industrialisation du soin, l’OMS., au contraire, préconise un retour aux dispositifs dits « traditionnels », légitimant médiums, devins et autres guérisseurs. Dans ces deux configurations du monde globalisé, les États jouent un rôle majeur, idéologique, symbolique, mais aussi institutionnalisant les corps des professionnels du soin psychique. La psychanalyse fait actuellement l’objet d’un débat social, d’autant plus aigu que c’est la singularité du sujet individuel qui est en jeu. La présence de la psychanalyse dans les institutions de soin et d’enseignement redevient l’enjeu d’une lutte, alors que la psychiatrie et la psychopathologie sont de plus en plus biologiques.
• Un dernier volet : rouvrir le débat entre anthropologie et psychanalyse de l’ordre épistémique et épistémologique, à l’heure où le cognitivisme est, pour un nombre croissant d’anthropologues, un outil de validation de leurs recherches et de leurs résultats. La généralisation de l’économie de marché a eu des effets de plus en plus prononcés sur les définitions de la souffrance psychique, des troubles mentaux, leurs modes de diagnostic et leur traitement. Dans les démocraties industrielles, on constate la dominance des modélisations biologiques et neurologiques, le retour à un primat héréditaire et la mise en avant de polices de rééducation comportementaliste.
Séminaire mensuel organisé par :
Olivier Douville, psychanalyste, Laboratoire CRPMS Université Paris 7, douvilleolivier@noos.fr
Nicole Khouri , sociologue, IMAF khouri.n@wanadoo.fr
Julie Peghini, anthropologue, Maître de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’Université Paris 8, Laboratoire CEMTI, julie.peghini@univ-paris8.fr
Monique Selim, anthropologue, directrice de recherche émérite à l’IRD CESSMA monique.selim@ird.fr
Ferdinando Fava, anthropologue, professeur à l’Université de Padoue, Laboratoire LAA UMR 7218 LAVUE, ferdinando.fava@unipd.it