Article en anthropologie visuelle
Journal of Vietnamese Studies, 7 (1), p. 149-180
Alors que je mène une enquête sur l’endettement des travailleuses du sexe à Ho Chi Minh Ville, je tombe sur une publicité d’une société illégale de crédit « noire » collée sur un mur. Peu à peu, je découvre le marketing agressif des banques, des compagnies financières et des prêteurs illégaux qui tapisse le paysage urbain. Les photographies que je prends me font prendre conscience de l’essor de la financiarisation et du crédit à la consommation, un phénomène débuté au début des années 2010. La photographie devient un outil qui me permet de capturer visuellement cette transformation financière radicale. Cette communication soutient que la photographie peut s’avérer une méthode de recherche efficace pour passer du particulier au général, du détail à la structure. Dit autrement, regarder le monde à travers le viseur d’un appareil photo avec un esprit ouvert et curieux peut aider à générer une image générale, détaillée et significative d’un objet de recherche, voire à découvrir ses traits invisibles. Ce processus permet de générer des pistes et des hypothèses de recherche fondées sur des observations. Je soutiens cet argument en décrivant le parcours réflexif qui me conduit de la photographie de carnets de dettes dans des espaces clos à l’errance dans les rues de Ho Chi Minh City pour documenter un boom du crédit. Cette expérience transforme radicalement mon programme de recherche sur le crédit et la dette pour les dix années à venir.
Lien de téléchargement : https://nicolaslainez.com/visualizing-debt-and-credit-in-ho-chi-minh-city-a-photographic-approach/