Capitalisme et (post)esclavage : pour une critique
caribéenne de l’économie politique
Dans la conclusion de son ouvrage Capitalisme et esclavage, qui fête cette année ses 75 ans, Eric Williams déclarait que la thèse défendue par lui de la centralité des logiques et pratiques esclavagistes dans l’émergence du capitalisme industriel, quoique démontrée à partir du seul exemple britannique, avait valeur « générique » dans la mesure où elle aurait aussi bien pu être étayée à partir du cas français. Cette hypothèse, à peine esquissée, n’a jamais réellement été mise à l’épreuve, la réception du livre de Williams en France étant restée pour le moins lacunaire, tandis qu’il n’a cessé de nourrir recherches et controverses dans le monde anglophone. Cette journée d’études est une première tentative pour (re)lancer le débat en adoptant une approche croisée entre les Caraïbes “britannique” et “française” et en élargissant la perspective aux transformations des modes et rapports de production, des formes de travail et de résistance, après les abolitions jusqu’à l’ère néolibérale dans laquelle nous vivons. Il s’agit en définitive d’encourager le développement d’une critique de l’économie politique qui reste le parent pauvre des études contemporaines sur la Caraïbe dans le monde francophone.
1) Le groupe MCTM associe par convention la Fondation Maison des Sciences de l’Homme Paris (FMSH) et l’UMR « Passages », CNRS (resp. Christine Chivallon), en collaboration avec le CESSMA (Paris Diderot avec Didier
Nativel) et l’Université de Paris 8 (LLCP avec Matthieu Renault).
PROGRAMME
9h30 : Accueil
9h45 : Introduction à la journée d’études par Matthieu Renault
10h15-11h : Catherine Hall (Department of History, UCL)
Writing back : from Eric Williams to Edward Long
11h-11h30 : Pause-café
11h30-12h15 : Caroline Oudin-Bastide (Docteure en histoire et civilisations, EHESS)
Les planteurs sont-il des entrepreneurs capitalistes ?
12h15-13h : Jean-Pierre Sainton (AIHP–GEODE, Université des Antilles)
Sur quelques modalités du post-esclavagisme dans les hiérarchies et organisations du travail dans les grands domaines sucriers antillais du début du XXe siècle, à travers les exemples du Galion (Martinique) et de Beauport (Guadeloupe).
13h-14h30 : Repas
14h30-15h15 : Jean-Jacques Cadet (Docteur en philosophie, Université Paris 8)
Comment penser le capitalisme en Haïti après la Révolution de 1804 ?
15h15-16h : Françoise Vergès (Association Décoloniser les arts, commissaire indépendante,
autrice)
Race, genre et reproduction sociale dans le capitalisme post-esclavagiste
16h-16h30 : Pause-café
16h30-17h30 : Discussion générale animée par Jean-Bernard Ouédraogo (LAIOS-IIAC, CNRSEHESS), avec les membres de MCTM (Christine Chivallon, Didier Nativel et Matthieu Renault).