Cette journée d’études se déroulera à :
Inalco, 2 rue de Lille 75007 Paris
Dans Pnine (1957), Nabokov présente son héros éponyme, un russe émigré, fasciné par les objets de la modernité occidentale, sa maladresse signifiant sa condition d’étranger. Dans les pages finales du roman, le seul bien auquel il tient est mis en danger par un objet « bipède » significativement aigu et lourd, leur collusion incarnant les affects engagés par une situation singulière, celle de l’exil. A la précieuse coupe de Pnine répondent en écho le bol à raser de Sender Roth (Philip Roth, Patrimoine, une histoire vraie, 1992), la valise de Sergueï Dovlatov (La valise, 1984), le fauteuil d’Hélène Cixous (Les Rêveries de la femme sauvage, 2000), le costume de Mohammed Saleh (Alaa El Aswany, Chicago, 2007), le sac vert olive de Velibor Colić (Manuel d’exil, 2016), bien d’autres encore entrelaçant expériences personnelles et espaces fictionnels dans un topos de l’exil à la fois pérenne et réactualisé.
Objets emportés, objets donnés, abandonnés, absents, retrouvés ou nouvellement acquis : à l’une et l’autre extrémité de l’expérience du déplacement spatial (la migration) et de ses effets sur le sujet dans la durée (l’exil), à travers les pays de départ, de transit et d’arrivée, la culture matérielle incarne emboîtement de temporalités et de territoires. Mis en récit, l’objet devient signe, résiste à l’effacement, porte trace ou patrimoine. Il s’inscrit ainsi dans un système référentiel plus large incluant médias, musées, cinéma et théâtre, qui participent conjointement à la construction de la figure du migrant/de l’exilé dans l’espace public.
Le programme MIGROBJETS (INALCO) en association avec le programme NON-LIEUX DE L’EXIL voudrait revenir sur les objets de l’exil dans la littérature pour les mettre en lien avec les représentations contemporaines de la migration.