Les interventions auront lieu à :
l’Université Paris Diderot-Paris 7
Bâtiment Olympe de Gouges, salle 864
8 rue Albert Einstein
75013 Paris
Le GREMAMO a prévu d’organiser cette année 2015-2016 deux séances consacrées aux nouvelles "ruralités maghrébines".
Le 11 décembre 2015, lors d’un premier séminaire "Ruralités maghrébines", nous avons pris acte de la surprenante résilience des populations rurales : dans les trois pays, elles se maintiennent généralement, alors que diminuent et parfois s’effondrent les revenus qu’elles peuvent tirer de leurs agricultures et élevages. Un réel mal-développement persiste cependant : en dehors des périmètres irrigués, les campagnes offrent souvent le spectacle de vastes étendues dénudées, livrées à des cultures épisodiques et à la vaine pâture ; aux échelles nationales, les productions agricoles connaissent des variations interannuelles de grande ampleur et stagnent à moyen terme.
Pour comprendre ces phénomènes, il faut se référer aux mutations induites par la colonisation et les protectorats dans l’histoire agraire des trois pays. Antérieurement aux pénétrations européennes, en effet, les collectivités qui s’englobaient les unes les autres, depuis le village ou le ksar jusqu’à la grande tribu, assuraient leur survie en exploitant des territoires qui intégraient, au sens fort du terme, des ressources en eau, des forêts, des terres cultivables, des parcours…
A partir de la colonisation en Algérie et de la mise en place des protectorats en Tunisie et au Maroc, les collectivités ont perdu au moins une part de leurs espaces et toute possibilité leur a été enlevée de les gérer intégrés dans des ensembles : leurs territoires ont été amputés, souvent démembrés, et il s’en est suivi des déstructurations sociales de grande ampleur. Une importante proportion des meilleures terres cultivables a été accaparée par la colonisation, en Algérie surtout. Dans les trois pays, les forêts sont devenues "domaine privé de l’Etat" et les eaux d’irrigation elles-mêmes ont été domanialisées. Une nouvelle grille de statut foncier, totalement discordante par rapport aux anciens territoires, a été plaquée sur les campagnes. Dès que furent mises en place les administrations centralisées contemporaines, les collectivités anciennes ont perdu toute autonomie pour la gestion leurs ressources.
Ces évolutions, désormais inscrites dans les organisations socio-spatiales, sont, bien sûr, irréversibles. Mais elles ont rendu impossible la pleine valorisation des finages villageois comme celle des anciens territoires
tribaux. Nombre de problèmes, tels ceux des "terres collectives" immatriculées s’avèrent insolubles. A l’inverse, certaines pratiques ou disciplines anciennes, rigoureusement adaptées aux potentialités des milieux,
ont apporté la preuve de leur efficience et méritent d’être rappelées : le but de la journée est d’en tenter une évaluation et d’évoquer certaines tentatives pour "refaire du social" autour de ressources communes.
PROGRAMME du mercredi 11 mai 2016, de 9h à 18h
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9h15 Accueil
9h30 Gérard FAŸ, géographe, GREMAMO-CESSMA
Dans le nord du Maroc, avant le protectorat, usages communs des terres, des eaux, des forêts
10h15 Didier GUIGNARD, historien, IREMAM, Aix-en-Provence
Rythmes, formes et impacts des processus de la dépossession foncière en Algérie (19ème-20ème s.)
11h00 Pause-café
11h15 Omar BESSAOUD, agronome, CIHEAM-IAM, Montpellier
Renouveau rural et nouvelles socialisations au Maghreb et au Machrek
12h00 Pause déjeuner
14h00 Béatrice LECESTRE-ROLLIER, Anthropologue, Paris V
Les organisations locales montagnardes, entre déni et nouvelles exigences
14h45 Gérard FAŸ, géographe, GREMAMO-CESSMA
Pour des groupements agro-sylvo-pastoraux de droit moderne
15h30 Pascal MULET, anthropologue, université de Reims-Champagne-Ardennes
Mobilités, autochtonie et pratiques des lieux : formes de la poly-activité dans le Haut-Atlas marocain
16h15 Débat et conclusions
Contact : Gérard FAŸ, coordinateur
mgfay@club-internet.fr / tél 01 43 36 39 74