Cette journée d’études se déroulera à :
salle 481C, UFR Langues et civilisations de l’Asie Orientale
Les Grands Moulins, aile C, 4e étage
Cette table ronde s’inscrit dans la continuité des travaux menés sur la place de l’engagisme dans le travail colonial (cf.http://www.cessma.univ-paris-diderot.fr/spip.php?article789). Cette première entreprise a permis de mettre en évidence plusieurs lacunes de l’historiographie de l’engagisme, pourtant ancienne et abondante, ainsi que plusieurs effets
« occultants » dus à la prépondérance du « modèle » anglo-indien dans cette littérature. Nous en retenons deux qui seront l’objet d’une attention particulière durant cette table ronde. En premier lieu, la connaissance très incomplète encore des modalités de l’engagisme dans l’empire colonial français, spécialement dans ses franges d’Asie-Pacifique, de l’Indochine à la Polynésie, territoires qui pourtant connaissent ce régime de travail, parfois jusqu’au milieu du XXe s. En second lieu, la place et le rôle des gouvernements et institutions « vernaculaires » dans ce régime de travail apparaissent peu pris en compte par l’historiographie du travail colonial, voire totalement ignorés.
Plusieurs spécialistes des émigrations chinoise ou japonaise de travailleurs ont toutefois mis en lumière la naissance et le développement de politiques locales en la matière, dès la fin du XIXe s. Ces politiques éclairent à leur tour la fonction cruciale, pour le recrutement et l’acheminement de ces travailleurs, des intermédiaires issus des rangs des engagés. En signant ces contrats d’engagement, Chinois, Japonais ou Vietnamiens, recrutés pour travailler en Indochine française ou en Océanie, ne se sont pas détachés, complétement et définitivement, de leurs institutions, d’autant moins que celles-ci ont, fréquemment, contribué à promouvoir ce nouveau régime de travail. Qualifiées d’« indigènes » ou d’ « étrangères » dans la littérature administrative coloniale, elles apparaissent régulièrement dans les rapports et autres écrits d’époque consacrés à l’engagisme, parfois à une place fondamentale pour rendre compte du recrutement, de la surveillance ou de la résistance des « coolies ». Dans le cas des mains d’œuvre d’Asie orientale provenant de Chine, du Japon et du Vietnam durant le premier XXe s., les gouvernements de ces nations colonisées, dominées par, ou émancipées de la tutelle occidentale, mobilisent leur diplomatie pour une prise en charge de ces « engagés ».
Les contributions présentées ici tenteront, dans une étape liminaires du travail à venir sur l’engagisme d’Asie-pacifique dans le domaine colonial français, de faire le point sur les ressources documentaires, coloniales (françaises et étrangères) et vernaculaires, leur conservation, ainsi que les analyses déjà exposées dans l’historiographie, afin de mettre en lumière la possibilité d’une investigation historique plus systématique de la « prise en charge » vernaculaire de ce régime de travail diffusé dans la région par les puissances coloniales à partir du début du XIXe s.
Programme
14h15 ǀ Présentation
14h30 ǀ Olga Alexeeva, La protection des coolies chinois durant la Première Guerre mondiale d’après les ressources des archives françaises
15h00 ǀ Emmanuel Poisson, Le rapport de l’án sát Bùi Bằng Đoàn sur la situation des engagés tonkinois dans les plantations de Cochinchine et sa réception (1928)
15h30 ǀ Eric Guerassimoff, Les coolies chinois de l’Erica au cours des premières années du XXe siècle : des Livrets d’engagés aux ressources vernaculaires (1901-1911)
16h-16h30 : pause-café
16h30 ǀ Xuyen Le Thi, Témoignages et mémoire à propos du rapatriement des engagés « tonkinois » de Nouvelle Calédonie
17h00 ǀ Sarah Mohamed Gaillard, L’engagisme en Océanie : l’apport des archives diplomatiques et coloniales françaises
17h30 ǀ Conclusion