La ville algérienne au féminin. Entre interdits et espaces de liberté. Le cas de la ville d’Oran
CRASC / Université Oran1 (Algérie) et INALCO / CESSMA (France)
Type de programme
Programme de coopération bilatérale France/Algérie
Date début et fin du programme
Janvier 2020-Décembre 2022
Nom des responsables
- Laetitia BUCAILLE (INALCO/Cessma, France)
- Sid Ahmed SOUIAH (CRASC/Algérie)
Résumé
Contexte national et international
Les frontières ou contraintes dans l’accès à la ville pour les femmes sont au cœur du sujet. Les progrès, encore insuffisants, mais déjà perceptibles, du statut de la femme algérienne (au niveau des études et du travail), lui confèrent un rapport à l’espace public beaucoup plus intense qu’auparavant mais les inégalités persistent. Et c’est pour cette raison que le cadre de référence pourrait s’articuler autour de la théorie de John Rawls qui traite de la justice spatiale afin de lutter contre les inégalités sociales en milieu urbain et notamment celles liées au genre. Considérant la ville comme un endroit paradoxal pour les femmes, constituant à la fois un espace d’émancipation mais également un lieu de marginalisation et d’interdits puisque fragmenté par ce jeu de frontières invisibles que les femmes subissent et/ou s’imposent pour de multiples raisons qui restent à élucider. Si l’exploration scientifique de cette thématique a d’abord émergé dans des travaux liés aux sciences sociales et humaines anglo-saxonnes pour gagner ensuite les disciplines similaires des contrées européennes, elle s’avère peu développée, voire absente dans le cas algérien particulièrement en géographie sociale.
Objectifs de recherche
La réflexion que nous présentons et qui fédère les doctorants et chercheurs de deux grands centres de recherche (Le CRASC en Algérie et le CESSMA en France) et auxquels s’associent les universités ORAN1 et ORAN2 du côté algérien et l’INaLCO pour la partie française, s’appuie sur un premier constat fait par Guy Di Méo qui estime que les femmes constituent un groupe remarquable encore sous le contrôle et la domination masculine. Et ce constat, particulièrement plus évident dans les pays de la rive Sud de la Méditerranée, nous invite à examiner comment ces femmes vivent l’espace géographique de la ville algérienne, ses rues, ses centralités héritées ou émergentes et ses lieux publics. L’argumentaire développé dans la description et la méthodologie est nourri par les réflexions au cours d’une première phase exploratoire et d’un état de l’art préliminaire à partir d’une bibliographie conséquente mais qui demande à être enrichie. Les équipes en présence sont pluridisciplinaires : géographie, sociologie, sciences politiques, histoire, architecture-urbanisme, psychologie, informatique.
Description et méthodologie
Le terrain d’études choisi est une grande métropole urbaine, Oran, deuxième ville d’Algérie, une agglomération largement millionnaire, où l’accès inégalitaire à l’espace public demeure encore marqué par une forte différenciation entre les sexes. C’est à travers des questionnaires et des entretiens avec des femmes de différents âges, catégories socio-professionnelles et quartiers que nous tenterons de comprendre la présence de « ces murs invisibles » qui freinent ou contrarient la mobilité de la femme au sein de la ville et contracte ses espaces de circulation et de fréquentation. Les premières interrogations gravitent autour de deux questionnements : d’où vient cette difficulté d’accès à la ville et y a-t-il des moyens pour y remédier ? Que peuvent apporter l’aménagement du territoire, les instruments de planification et d’urbanisme et les politiques publiques comme solutions durables pour réduire les inégalités sociales et spatiales et permettre aux femmes de se réapproprier certains morceaux de ville réputés inaccessibles pour elles ? Ces interrogations renvoient à la question du genre en milieu urbain.