Jeudi 6 juin 2024 à 14h
« Séminaire avec Jill Alpes La fabrique des expulsions : Les retours des Syriens du Liban et de la Turquie (discussion Damien Simonneau) »
Jeudi 6 juin à 14h et en ligne : https://zoom.us/j/96154919583?pwd=QmRqQkNwNFJaS2RZVEJlOG5JOWFYZz09
Hébergé pendant deux ans à la Lebanese American University (LAU), le projet « REMOVED : Removal infrastructures for Syrians in Lebanon and Turkey » étudie la fabrique des expulsions au Liban et en Turquie, deux pays voisins de la Syrie qui accueillent des Syriens refoulés respectivement de Chypre et de Grèce. Alors que trois sur quatre de tous les réfugiés sont accueillis dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, les pays européens externalisent leurs responsabilités de protection, confient le contrôle des frontières à des acteurs non-étatiques et dirigent l’aide au développement vers la « gestion intégrée des frontières ». De portée mondiale, ces pratiques d’externalisation soulèvent des questions concernant le principe juridique du non-refoulement qui stipule qu’aucune personne ne peut être renvoyée dans un pays où elle risquerait d’être soumise à des traitements inhumains ou dégradants. Partant de ce principe juridique, notre projet examine empiriquement la fabrique des expulsions par le biais d’une pluralité d’acteurs du contrôle de la mobilité et des trajectoires d’expulsions. L’étude de la fabrique des expulsions ouvre de nouveaux horizons théoriques sur le contrôle de la mobilité en tant que processus de construction de l’État : de multiples acteurs étatiques et non-étatiques interagissent à différentes échelles en marge des repères taxonomiques, remettant en question les hypothèses territoriales des droits humains. Notre équipe de cinq personnes au Liban et en Turquie entend produire des connaissances empiriques sur un vaste spectre de gestionnaires de la mobilité et de trajectoires d’expulsions à travers des entretiens, des observations et des études de cas. Ces données rendront visible les transformations spatiales dans le bassin méditerranéen.
Biographie : Anthropologue juridique des migrations, Jill Alpes est responsable scientifique du projet « REMOVED : Removal infrastructures for Syrians in Lebanon and Turkey » à la Lebanese American University à Beyrouth et chercheuse associée au CESSMA. Elle est l’auteure de « Abroad at any cost : Brokering High-risk migration and illegality in West Africa » (publié par Routledge), qui aborde le concept de la traite des êtres humains pour explorer les concepts émiques utilisés par les Camerounais pour désigner les risques migratoires. Pendant cinq ans, Jill Alpes a travaillé comme chercheuse pour Amnesty International et d’autres organisations de défense des droits humains. Engagée dans la création de futurs plus inclusifs, elle s’est formée aux méthodes de recherche participatives et a co-écrit un article avec des collègues syriens sur la base des « laboratoires de littératie du futur » dans le Journal of Refugee Studies.