Thèses et HDR soutenus en 2019

DESMOULIERE Rémi

13 décembre 2019 de 14h00-18h -Inalco, 65 rue des Grands Moulins

Sous la direction de Manuelle Franck et de Jérôme Tadié.

Géographie d’un milieu : propriétaires, chauffeurs et organisations de minibus à Jakarta

RÉSUMÉ

Cette thèse porte sur la géographie d’un collectif de transporteurs : les propriétaires, les chauffeurs et les organisations de minibus de l’agglomération jakartanaise. Les minibus sont des transports non-centralisés : leurs flottes sont dispersées entre des dizaines de milliers de petits propriétaires, et exploitées par des chauffeurs indépendants selon un système de location journalière. Je propose de rendre compte de cette configuration particulière de l’offre à travers la notion de milieu, définie comme un champ de positions inégales et de relations de pouvoir ancrées dans la ville. Le but est de montrer que l’inscription spatiale des minibus dans l’espace urbain résulte d’une territorialisation de ce milieu. Le premier temps de ce travail vise à mettre en évidence ses structures sociales et spatiales. Il part de l’analyse de la relation fondatrice tissée entre les propriétaires et les chauffeurs par le truchement des véhicules. On montre ensuite comment le secteur a été structuré par les différents échelons de l’État, dans le but à la fois d’impulser sa croissance et de le contrôler. Ce contrôle passe néanmoins par des organisations intermédiaires qui tendent à concentrer l’exercice du pouvoir dans le milieu. Le deuxième temps de la thèse explore la production et la dynamique des territoires des minibus : les lignes, les quartiers et les points d’arrêt. Ces territoires sont modelés par la confrontation des territorialités des transporteurs avec les territorialités concurrentes d’autres acteurs de la ville. Ils sont aussi mis en tension par les transformations de la ville induites par la métropolisation, ce qui pose la question de leur pérennité et de leurs modalités d’adaptation.


SHIMOOKA Erina

10 décembre 2019 - 14h00-salle M019- Université Paris Diderot,
Bâtiment Olympe de Gouges

Sous la direction de Nathalie KOUAMÉ

Une convention oubliée : la convention franco-ryûkyû de 1855
Les relations entre la France et le royaume des Ryûkyû durant les dernières décennies de l’époque d’Edo

RÉSUMÉ

Au XIXe siècle, le royaume des Ryûkyû (actuelle préfecture d’Okinawa au Japon) était à la fois tributaire de la Chine des Qing et sous la domination des shôgun Tokugawa (via le fief de Satsuma). Toutefois, il conservait une large autonomie politique.

Cherchant un point d’appui en Extrême-Orient, et ne pouvant avoir accès aux ports japonais en raison de la politique de « sakoku », la France de la Monarchie de Juillet a fixé son attention sur ce royaume et y a envoyé à partir de 1844 des militaires ainsi que des prêtres des Missions étrangères de Paris. La situation ainsi créée dans le royaume fut aussi inédite que complexe ; d’un côté, les autorités des Ryûkyû surveillaient très étroitement les étrangers présents, qu’elles isolaient de la population locale par tous les moyens ; d’un autre côté, les Français profitaient de l’occasion qui leur était donnée pour observer de l’intérieur cette contrée encore peu connue de l’Europe et pour tenter de l’évangéliser.

Ce premier contact aboutit à la conclusion d’une convention, le 24 novembre 1855, entre la France et le royaume des Ryûkyû. Si cette convention ne fut finalement jamais ratifiée, elle a eu un impact important sur la politique extérieure des Ryûkyû. Elle a également pesé sur les premières relations franco-japonaises.

Mots-clés : relations franco-ryûkyû, royaume des Ryûkyû (Okinawa, Japon), convention franco-ryûkyû, Monarchie de Juillet, Second Empire, Missions Étrangères de Paris (MEP), fin de l’époque d’Edo (Bakumatsu), relations franco-japonaises, XIXe siècle, Sakoku


DE FACCI Damanio

9 décembre 2019 - 14h00-salle 153 - Université Paris Diderot,
Bâtiment Olympe de Gouges

Sous la direction de Jean Yves Moisseron

Les formes de participation des associations à l’action publique en Tunisie. Référentiels et configurations locales de l’action associative après la révolution.

RÉSUMÉ

Dans le contexte de l’essor des associations qui a suivi la révolution tunisienne de 2011, cette thèse interroge la participation des associations au changement des politiques publiques qui ont favorisé la marginalisation sociale et territoriale sous l’ancien régime. Adoptant une approche de sociologie de l’action publique, la thèse s’appuie à la fois sur l’analyse des réseaux d’acteurs, des coalitions et de leurs systèmes de représentation et sur l’analyse localisée des configurations associatives de Kasserine et de Sfax. Cette approche permet d’étudier la fonction institutionnelle des réseaux associatifs, tissés à la fois à partir des trajectoires des activistes et des dispositifs mis en place par les associations, et de saisir des formes de régulation particulières à des échelles plus petites.
La première partie de la thèse montre que la discontinuité majeure issue de la révolution se situe d’une part au niveau de la pluralité d’acteurs aux projets différents et de lieux qui rentrent en jeu dans la définition de l’action publique ; et d’autre part au niveau de la perte du monopole du pouvoir de l’État et de l’ancien parti hégémonique. Des référentiels émergent pour penser une action publique renouvelée, où les associations sont impliquées en tant qu’acteur majeur. Ils légitiment des programmes, des instruments et des systèmes de coordination territoriale censés contrer les situations de marginalité et renouveler l’action publique dans un sens plus démocratique et inclusif : l’économie sociale et solidaire, la charité religieuse, la démocratie participative.
La deuxième partie de la thèse s’attache à analyser l’émergence de configurations locales de l’action associative à partir des coalitions et des réseaux constitués à la fois dans l’engagement et avec la mise en œuvre de projets. Dans la ville de Kasserine, la participation des associations à l’action publique relève d’une économie politique locale liée aux ressources de la coopération internationale. La situation de concurrence entre associations, notamment pour s’accaparer l’aide technique et financière internationale, permet l’émergence de réseaux d’insertion où l’impératif entrepreneurial joue à la fois comme distinction et comme stratégie d’insertion. En revanche, dans la ville de Sfax, les associations jouent un rôle clé de construction de coordinations entre acteurs différents. À partir d’un circuit de ressources internes, la construction de réseaux d’associations crée une véritable gouvernance territoriale, où des formes de régulation sectorielle locale s’instituent, notamment dans les domaines des politiques sociales et de la participation aux décisions municipales.
La pluralité des référentiels et des logiques d’engagement, le jeu des coalitions et les régulations locales articulent la pluralisation sociale et idéologique à la différenciation de sphères socio-professionnelles spécialisées et au polycentrisme institutionnel et territorial. L’articulation de ces processus entraîne la réorganisation des liens de dépendance, au-delà du centre étatique. L’analyse localisée montre, d’une part, l’émergence de configurations dépendantes de l’international, qui favorisent la bureaucratisation de l’action associative comme mode d’insertion. De l’autre, elle met au jour les prétentions hégémoniques de certains groupes sociaux engagés dans les associations, qui procèdent d’une logique élitaire outre que de la managérialisation.


IDRISS Mamaye

4 décembre 2019 -14h00-salle 870, Université Paris Diderot,
Bâtiment Olympe de Gouges

Sous la direction de Faranirina Rajaonah (Paris Diderot), Sophie Blanchy (CNRS, LESC)

Femmes et engagement pour la départementalisation de Mayotte (1958-2011) : Dynamiques du genre dans les luttes sociales et politiques dans l’archipel des Comores

RÉSUMÉ

À Mayotte, l’idée selon laquelle les femmes détiendraient une position avantageuse, voire supérieure aux hommes, suggérant une inversion des rapports de genre dans une société musulmane, est un élément saillant dans les médias. L’association des femmes à la lutte pour la départementalisation a conduit à la construction de stéréotypes de genre où départementalisme et indépendantisme étaient respectivement l’affaire des femmes et des hommes. De 1966 à 1976, un mouvement protestataire embrasa l’île. Cette mobilisation, majoritairement féminine, réclamait la séparation de l’île de l’archipel qui formait alors un territoire d’outre-mer français. L’irruption des femmes de l’îlot de Petite-Terre à Mayotte sur le devant de la scène politique occupée par les hommes est à relier à des dynamiques féminines anciennes, mais aussi aux rapports de genre au cœur de l’émergence de cette lutte. À partir de la seconde moitié du XIXe siècle, des femmes de Sainte-Marie (Madagascar), Grande-Comore, Anjouan et La Réunion, s’installent en Petite-Terre et tirent parti de l’offre éducative ainsi que des opportunités de travail liés à la présence du chef-lieu. La perspective historique sur le genre donne une plus grande visibilité à la montée en puissance des femmes au cours du XXe siècle stimulée par l’existence de nouveaux modèles et d’un cosmopolitisme au féminin dans l’espace circonscrit de Petite-Terre. Au milieu du XXe siècle, la première génération de femmes auxiliaires de l’administration coloniale émerge ; ce processus s’accompagne par la suite de l’accession de femmes à des fonctions électives. Croisant récits de vie et archives, la recherche s’intéresse aux formes de l’engagement féminin, aux transmissions générationnelles et familiales (capital militant, idéel) qui aboutirent à la départementalisation de Mayotte en 2011.

Mots clefs : Femmes, militantisme, Mayotte, Comores, mémoire, départementalisation, océan Indien


GAUTIER Lara

3 Juillet 2019 -15h-salle 115- Université Paris Diderot,
Bâtiment Olympe de Gouges,

Sous la direction d’ Isabelle Guérin, Valéry Ridde, Manuela De Allegri

From ideas to policymaking : the political economy of the diffusion of performance-based financing at the global, continental, and national levels

RÉSUMÉ

Contexte : Depuis le milieu des années 2000, une réforme de financement de la santé, le financement basé sur la performance (FBP), a été expérimentée dans plus de 70% des pays d’Afrique subsaharienne. Les projets de FBP sont promus par des réseaux d’experts transnationaux, financés par des bailleurs de fonds, et appuyés par des experts provenant le plus souvent de pays à haut revenu. Au-delà du pouvoir financier, ces acteurs exercent d’autres formes de pouvoir moins visibles pour stimuler la diffusion de cette politique. Introduisant le concept d’“entrepreneurs de la diffusion” (ED), nous utilisons une approche d’économie politique pour comprendre les interactions sociales en jeu dans le processus de diffusion ainsi que les relations de pouvoir asymétriques inhérentes à ces interactions.

Objet de la recherche : Cette thèse explore les caractéristiques (motivations, ressources, etc.) et stratégies d’influence que les ED mobilisent pour faciliter l’expansion du FBP en Afrique. Pour cela, nous réalisons une étude interprétative aux niveaux global, continental, et national.

Méthodes : L’approche d’analyse est principalement qualitative : nous avons collecté des données d’entretiens approfondis (N=57), d’observations participantes (N=13) et de documents (N=41). Dans l’étude à échelle continentale, ces données qualitatives sont complétées par des analyses de réseaux sociaux et des analyses sémantiques à partir de 1346 messages de forum. Ces données quantitatives complètent la caractérisation de l’un des réseaux transnationaux et son influence sur la diffusion du FBP.

Résultats : Au niveau global, l’influence discursive des ED se manifestait à travers leur capacité à maîtriser les termes du débat et la circulation de savoirs sur le FBP au niveau global. Les ED ont contrôlé la majeure partie de l’agenda d’apprentissage et d’expérimentation sur le FBP, en produisant notamment des contenus politisés et technicisés. Au niveau continental, les activités de la Communauté de Pratique (CoP) du FBP ont permis de valoriser l’échange de pratiques et de mobiliser une masse critique de praticiens du FBP. La CoP aurait favorisé la fabrique d’experts africains participant à l’expansion du FBP sur le continent. Toutefois, l’analyse de réseau a montré que la gouvernance de la CoP était largement dominée par les membres européens, bien que leur domination ait diminué avec le temps. Au niveau national (cas du Mali), la capacité d’un ED européen et d’experts maliens du FBP à susciter un fort engouement auprès de nombreux professionnels de santé, consultants et fonctionnaires maliens, et ce de façon continue, a joué un rôle déterminant dans la diffusion du FBP dans ce pays.

Valeur de la recherche : Cette recherche constitue la première analyse d’économie politique détaillant de multiples processus (discours, constitution en réseaux, et production et dissémination de savoirs) conduits par des acteurs influents afin de faciliter la diffusion d’une innovation politique (le FBP). Mettant en lumière l’exercice du pouvoir d’acteurs de pays à haut revenu dans leur interaction avec des acteurs africains, cette étude ouvre également la voie à d’autres recherches, notamment sur le phénomène de fabrique d’une expertise africaine.



TCHAMBA Ranèse

17 juin 2019 -13h30-Salle 870-Bâtiment Olympe de Gouges

Sous la direction de Odile Goerg (Professeure, Université Paris Diderot) et Arnaud Passalacqua (Maître de conférences)

Une histoire postale du Cameroun de 1945 à la fin des années 1970.Support politique, réseaux de communication et pratiques sociales

RÉSUMÉ

Centrée sur l’étude d’un service public, la Poste, cette recherche propose son histoire, celle d’un véritable support politique et d’un réseau de communication et des pratiques sociales des usagers de celle-ci en terrain camerounais.

Au lendemain de la seconde guerre jusqu’à la fin des années 1970, le réseau postal déjà établi depuis la fin du XIXème siècle s’étend en dessinant une trame linéaire faiblement maillée du sud vers le nord du territoire. Ce réseau participe à l’appropriation du territoire par l’État. En effet, l’implantation des bureaux de poste est un dessein administratif tout comme la création des postes de police. En ouvrant des bureaux de poste dans les chefs-lieux de région, ensuite dans les subdivisions administratives et enfin dans les campagnes, l’État suit une logique répondant à ses besoins.

A la suite des travaux entrepris au cours des années 1950 dans le but d’améliorer la qualité du réseau postal et de son infrastructure, l’État indépendant met en place, dès 1960, des plans quinquennaux de développement. Ceux-ci permettent à ce réseau de se reconfigurer et d’atténuer les fortes disparités régionales observées dans la partie nord du pays et dans l’ex-Cameroun britannique comportant peu d’équipements depuis la depuis la fin de la période coloniale. Mais cela ne résout pas complètement le problème de l’enclavement postal.

Établi pour répondre au besoin de l’État, cet outil de communication va aussi graduellement répondre au besoin d’un public qui se diversifie au fil des années. Jusqu’à la fin des années 1970, ce réseau de communication contribue au contrôle et à la gestion efficace du territoire sans pour autant se limiter au seul usage administratif. Les usages et les pratiques s’accroissent et l’on peut ainsi identifier différents groupes sociaux qui s’approprient de ces nouveaux outils de la modernité ancrés depuis la colonisation.

Support d’action politique également, ce service joue aussi un rôle ambivalent dans les mouvements d’émancipation et la lutte pré-et-post indépendance. Au cours années 1950 jusqu’au début de la deuxième décennie après l’indépendance, le réseau postal est un outil efficace pour l’État qui, s’en sert pour contrôler l’information et contrecarrer la clandestinité de certains leaders politiques opposants du pouvoir en place. Ce réseau sert aussi comme lieu de structuration de l’action militante syndicale et politique, permettant aux postiers de se construire un univers syndical au sein duquel, ils font entendre leur voix et revendiquent leur cause. Il permet également à certains d’entre eux de se démarquer et de s’imposer dans l’arène politique.

Au contact direct et journalier des populations, le service postal devient un observatoire des rapports sociaux tant en période coloniale qu’après l’indépendance. L’administration des PTT au Cameroun est une grande maison constituée d’un personnel diversifié venant de différentes entités sociologiques. Il existe un contraste entre ceux qui assurent un service actif et ceux qui sont sur place dans le bureau de poste. L’absence de femmes camerounaises au sein de ce personnel pendant la période coloniale est à signaler. Il faudra attendre le début des années 1960, pour assister à l’entrée de la gente féminine. Le faible niveau de formation du personnel observé jusqu’après la Seconde Guerre s’améliore dès le début des années 1950 grâce à la création de centres d’instruction professionnelle. La « camerounisation » des cadres, initiée à cette période, se poursuit au lendemain de l’indépendance et, est une préoccupation majeure pour l’État indépendant. L’École nationale supérieure des P&T est alors créée à la fin des années 1960 et devient le nouveau lieu de formation et de qualification du personnel. Au fil des années, ces agent(e)s s’investissent dans un environnement de travail où l’ambiance crée une forme de sociabilité interactive entre usagers et agents. Néanmoins, plusieurs d’entre eux (agents) sont coupables du non-respect de la déontologie professionnelle, entraînant des dysfonctionnements qui, ternissent l’image de ce service public.

En dépit de ces difficultés liées à son fonctionnement, la Poste constitue un maillon essentiel dans l’économie nationale. Considérée comme un instrument de développement du pays, l’Etat trouve nécessaire de la restructurer dans le cadre des nouvelles réformes économiques qui surviennent au cours des années 1980.


CAMPOS GEBRIM Ana

15 avril 2019 – 14h00 – Salle 4.23 , Inalco - 65 rue des grands moulins 75013 PARIS

Sous la direction de Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky, professeur à l’Inalco

Psychanalyse au front : la position de l’analyste et les traces du trauma dans la clinique avec des migrants

RÉSUMÉ

Depuis l’année 2010, un flux de nouvelles migrations vers le 13résil explique l’arrivée de populations de primo­arrivants (notamment des Congolais, Angolais, Syriens, Haïtiens). Ces nouvelles populations interrogent la clinique psychanalytique auprès des migrants. En effet, leur expérience de violence extrême et leur condition précaire les caractérisent et exigent un renouvellement des questionnements et des modalités d’intervention cliniques. A travers des réflexions sur la clinique avec des sujets migrants dans les institutions d’accueil de la ville de Sao Paulo, nous espérons contribuer à la réflexion sur ces nouvelles possibilités d’intervention. En partant de la notion de trauma comme une modalité de souffrance du sujet face à un événement vécu comme désastre, nous réfléchissons aux possibilités de conception de nouveaux éléments d’intervention clinique, ainsi qu’aux formes de positionnements analytiques dans la rencontre avec le migrant. Nous proposons une comparaison avec la prise en charge des migrants à Paris, France, où l’arrivée récente de migrants a également exigé la mise en place de nouveaux dispositifs cliniques. Ainsi, à partir de cas cliniques menés dans les deux villes, cette recherche propose de qualifier le traumatisme, puis l’impact opéré dans la prise en charge par les langues et les cultures, enfin les injonctions institutionnelles et les questions raciales et coloniales présentes tout au long de la trajectoire des migrants. En prenant comme objet la rencontre clinique entre les migrants nouvellement arrivés et le psychanalyste, nous essayerons de réfléchir aux possibilités d’intervention clinique dans des conditions extrêmes, capables de produire de nouvelles significations pour le sujet. Nous montrerons en quoi les différents positionnements de l’analyste sont au centre de nouveaux dispositifs de soin, puisque ce dernier peut être pris entre, d’une part, l’excès d’implication dans la souffrance du patient, et d’autre part, dans la distanciation nécessaire, qui produit alors des effets de désaveu pour le sujet. De cette manière, nous souhaitons contribuer à la pratique psychanalytique en contexte extrême, en particulier avec la population migrante et /ou exilée.
Mots-clefs : migration, refuge, trauma, violence, transfert, clinique, psychanalyse, langues,



MONGINOT Pauline

5 avril 2019 – 14h00 – Salle M019 ODG

Sous la direction de Faranirina Rajaonah , Professeure, Université Paris Diderot
Artiste ou mpanakanto ? Construction sociale et stylistique de la figure du peintre dans les villes des Hautes Terres malgaches. L’exemple de Tananarive (1880-1972)

RÉSUMÉ

Cette thèse propose d’analyser les processus de formation de l’identité de l’artiste peintre dans la société malgache, entre les années 1880 (période d’installation des Européens à Antananarivo) et 1972 (fin de la première République de Madagascar). La peinture est une pratique artistique récente à Madagascar : introduite en 1826 par les Européens, son histoire s’inscrit en parallèle de celle de la colonisation. Pourtant, la peinture devient, pour la société merina, un enjeu de définition des identités et des hiérarchies sociales. Ni artistes coloniaux, ni artisans traditionnels, les peintres malgaches doivent pourtant se conformer aux normes imposées par les politiques culturelles coloniales d’une part et par les usages attribués à l’art dans la société merina d’autre part. Ils naviguent entre la figure de l’artiste occidental et le mpanakanto, le faiseur de beau. Il s’agit donc d’analyser les stratégies établies par ces artistes pour tirer profit des ressources européennes et malgaches afin de faire carrière et d’inventer une identité artistique singulière.

L’étude des processus qui conduisent au choix d’une telle carrière révèle les enjeux et besoins auxquels répond la peinture. Ces mêmes processus contribuent à définir les normes et les modèles que la jeune discipline adopte. L’histoire des peintres pose également la question de la place de l’art dans la société malgache, que ce soit sur le plan économique (marché de l’art) ou patrimonial ; le rôle qu’ils occupent leur permet de s’inscrire dans la société. Il s’agit également d’envisager les notions de groupe et d’individualité au sein d’un véritable « monde de l’art » [Becker ; 1988] caractérisé par des circulations régionales et transnationales intenses. Cette approche réticulaire autorise alors à réinscrire l’histoire de l’art malgache dans une perspective plus globale.

Soutenances de HDR

Mme Catarina Madeira-Santos (EHESS)

Entre l’Empire portugais et l’Afrique centrale : histoires locales, histoires connectées (XVIe -XXe siècles)

Garant : Didier Nativel

9 décembre, 14h-18h.

Salle 870, Bâtiment Olympe de Gouges


Pascale BARTHELEMY

Des femmes d’Afrique au XXe siècle. De l’école coloniale au combat politique

Garante : Odile GOERG

3 décembre à 14 h

salle 115, Bâtiment Olympe de Gouges


Hélène PAILLAT

Anthropologie de l’expérience agricole pour comprendre la complexité sociale et culturelle de La Réunion

Garante : Laurence POURCHEZ

29 novembre 2019 à 14h

à l’Inalco (salle 3.26)