En visioconférence
En partenariat avec : Cours d’Anthropologie Culturelle
Ferdinando Fava/Université de Padoue
CRPMS
Mardi 16 juin 2020 de 14h30 à 16h30
Subjectivation du(es)/au travail
N°158-159 du Journal des Anthropologues
Coordination Etienne Bourel et Judith Hayem
https://unipd.zoom.us/j/95878776875?pwd=MzRlRDBBb2VmRnRSOGJzR0Q0MWtJdz09
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Des téléologies globalisantes et de nombreux discours et analyses ont largement insisté sur les potentiels renouvellements des mondes du travail. Comment celles et ceux qui y sont directement impliqués pensent-ils et vivent-ils le travail ? Quelles sont les modalités de subjectivation dues au travail ou produites à son propos ? Traduisent-elles une intériorisation des conditions, normes et places imposées ? Ou alternativement manifestent-elles des tentatives d’aborder le travail en inventant de nouvelles formes ? Tels sont les questionnements au centre de ce dossier qui regroupe dix contributions issues de recherches de terrain portant sur des métiers et des configurations de travail très divers. Leur rapprochement dessine un tableau contrasté de subjectivations en travail, tendues vers des horizons d’attente multiples : de la mise aux normes des corps au travail à la quête de reconnaissance, en passant par la tentative de s’émanciper des cadres organisationnels classiques pour inventer, parfois, des horizons politiques alternatifs.
Sommaire du numéro
In memoriam
Annie Benveniste…En souvenir de Martine Hovanessian, 9-12.
Dossier
Etienne Bourel et Judith Hayem…Subjectivations du(es)/au travail, subjectivations en travail, 15-26.
Giulia Mensitieri… Se faire sur mesure. Construction de la subjectivité dans le travail créatif de la mode, 27-50.
Julien Debonneville… ‘Always wear a smile on your face !’ La mise au travail des corps dans les formations d’employée de maison en partance des Philippines, 51-77.
Marco Saraceno…Mesure et valorisation du travail du corps dans le capitalisme de plateforme . Le cas des livreurs à vélo, 79-102.
Jeanne Robert, Constance Ruiz, Pascal Béguin et Valérie Pueyo..
Illusionnistes et modèles vivants.Processus de subjectivation et reconnaissance du travail … 127-149.
Flora Bajard et Maya Leclercq, Devenir entrepreneur(e) en coopérative d’activité et d’emploi/Les 1001 visages de l’émancipation …151-174.
Émile Duchesne, Économies populaires et socialisations par le bas Ethnographie d’un marché biffin parisien…201-223.
Chloé Barbier et Pascale Moity-Maïzi, Devenir paysan-boulanger. Vers plus de collaborations et d’autonomie…225-248.
Dan Furukawa Marques et Pascale Devetteet Pascale Moity-Maïzi, La dignité du travail, fondation d’une communauté politique dans le Mouvement des sans-terre au Brésil… 249-273.
Anthropologies actuelles
Alix Philippon, Nationalisation des sanctuaires soufis, « soufisation » de l’État pakistanais ?...277-297
Anthropologie visuelle
Maxime Scheinfeigel, Colloque international « Jean Rouch, passeur d’images et de mondes ». Quels cinémas pour quelles anthropologies ? (Montpellier − 10-11-12 octobre 2018)…. 301 à 310
Echos d’ici et d’ailleurs
Étienne Bourel , Conférence WORK, EMPLOYMENT AND SOCIETY 2018. « Putting Sociology to Work : Interdisciplinarity, Intersectionality and Imagination » (Belfast − 12-14 septembre 2018) …313 à 320.
Annarita Pagliara, Colloque « Vivre et étudier les conflits pour la défense de la Terre ». « Policing Extractivism : Security, Accumulation, Pacification » (Borgagne - Italie − 5-7 octobre 2018)…321 à 330
Activités de l’AFA
Barbara Morovich, Assemblée générale de l’AFA 2019 : compte rendu, 15 juin 2019, Université de Montpellier, Site Saint Charles…333 à 335.
Etienne Bourel est anthropologue, doctorant au département d’anthropologie, faculté d’anthropologie, de sociologie et de science politique, Université Lumière-Lyon 2.
Judith Hayem est anthropologue, Maître de conférences en anthropologie à l’Université de Lille et membre du Centre Lillois d’Etudes et de Recherche en Sociologie et Economie (Clersé-UMR 8019 CNRS).
Argumentaire du séminaire
Ce séminaire propose de repenser les dialogues et les mises à l’épreuve réciproques entre anthropologie et psychanalyse. Il s’efforce d’articuler trois lignes de questionnement :
• Clinique du terrain et terrains cliniques : des anthropologues s’interrogent sur la nature des relations interpersonnelles développées durant leurs enquêtes, le sens et les modalités de leur écoute, et, corollairement, les mobiles intimes de la parole des acteurs. Les crises économiques et politiques qui bouleversent de nombreuses sociétés s’impriment, en effet, dans la situation ethnologique. De surcroît, l’ethnologue se trouve de plus en plus fréquemment en contact avec des populations en fragilisation croissante, en état de non inscription, et même d’errance.
• Folie et État : on développera une réflexion croisée, d’un côté sur les effets sur les élaborations identitaires des nouvelles représentations du bien-être psychique, de l’autre, sur les instances de légitimation sur ce que serait une bonne santé psychique en termes de prévention, de diagnostic, de traitement et de leur évaluation. Enfin, le lien doit être souligné entre les terreurs issues de la violence de l’État et les confusions des registres du Réel, de l’Imaginaire et du Symbolique, qui font tenir l’existence singulière et les échanges sociaux. D’une certaine manière, la folie a disparu au profit de l’exclusion et de la stigmatisation des perdants. Dans les pays lointains qui ne rentrent pas dans cette industrialisation du soin, l’OMS., au contraire, préconise un retour aux dispositifs dits « traditionnels », légitimant médiums, devins et autres guérisseurs. Dans ces deux configurations du monde globalisé, les États jouent un rôle majeur, idéologique, symbolique, mais aussi institutionnalisant les corps des professionnels du soin psychique. La psychanalyse fait actuellement l’objet d’un débat social, d’autant plus aigu que c’est la singularité du sujet individuel qui est en jeu. La présence de la psychanalyse dans les institutions de soin et d’enseignement redevient l’enjeu d’une lutte, alors que la psychiatrie et la psychopathologie sont de plus en plus biologiques.
• Un dernier volet : rouvrir le débat entre anthropologie et psychanalyse de l’ordre épistémique et épistémologique, à l’heure où le cognitivisme est, pour un nombre croissant d’anthropologues, un outil de validation de leurs recherches et de leurs résultats. La généralisation de l’économie de marché a eu des effets de plus en plus prononcés sur les définitions de la souffrance psychique, des troubles mentaux, leurs modes de diagnostic et leur traitement. Dans les démocraties industrielles, on constate la dominance des modélisations biologiques et neurologiques, le retour à un primat héréditaire et la mise en avant de polices de rééducation comportementaliste.