Entreprendre en Inde néolibérale : entre fiction méritocratique et nécessité

L’Inde est rentrée, au moins depuis les années 1990, dans un processus de libéralisation et de mondialisation de sa société et de son économie. Les légitimités ont changé : l’entrepreneur, figure suspecte de l’Inde nehruvienne, est aujourd’hui perçu comme créateur de valeur collective et acteur principal de l’émergence économique. Comme dans bien d’autres pays du monde, une fiction s’est imposée qui assoit l’accumulation de capital comme le résultat d’un mérite personnel. Les logiques de marché et les discours méritocratiques n’ont pas pour autant fait disparaître les structures de la reproduction sociale en Inde. L’entrepreneuriat indien est toujours mu par des formes de nécessité matérielles et des appartenances communautaires bien davantage que par la perception d’opportunités économiques par des individus émancipés. Cette présentation analyse ce panégyrique de l’entrepreneur individuel et l’intériorisation de cette idéologie méritocratique dans le discours des directeurs d’entreprise indiens malgré d’évidentes distorsions avec la réalité de leur propre parcours. Elle s’appuie sur une centaine d’entretiens menés auprès de directeurs d’entreprises pharmaceutiques à Ahmedabad et à Mumbai entre 2016 et 2018. Ces derniers sont en partie analysés dans le Chapitre 9 « Des rationalités entrepreneuriales multiples » (pp. 343-385) de la thèse doctorale d’Yves-Marie Rault Chodankar défendue en Février 2020 à l’Université de Paris et intitulée « Les petites entreprises indiennes, agents d’une globalisation alternative ».

Cette communication sera discutée par Evelyne Micollier.

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